L'église d'Ottmarsheim du XIème siècle

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Ottmarsheim, dont le nom provient d'un abbé de Saint-Gall qui possédait des biens dans la zone riveraine du Rhin, possède une église dont il est dit qu'elle est un joyau de l'art Ottonien.

L'Edifice éveille de plus en plus d'intérêt puisqu'il fait partie de la route romane depuis 1987. Mais déjà à l'époque de la renaissance, il fit couler beaucoup d'encre: des historiographes des Habsbourgs, tels que Jérôme Gebwiller, y cherchèrent le tombeau de son fondateur, Rodolphe d'Altenbourg; des humanistes et "antiquaires", dont entre autres, Beatus Rhenanus et Daniel Specklin, y voyaient un temple du Dieu Mars; des cosmographes furent intrigués par sa forme octogonale. Scamozzi (1600), diplomate vénitien et auteur d'un traité d'architecture; Dom Calmet (1748), un important historien de la Lorraine ou l'empereur Joseph II (1777).
Beaucoup d'études lui sont consacrées et sa forme de temple païen déroutait souvent les auteurs.
Jacob Burckhardt fournit la première étude valable en 1844.

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L'Abbatiale d'Ottmarsheim a connu plusieurs incendies tout au long de son histoire. Le dernier en date (27 février 1991), d'origine électrique a provoqué d'importants dégâts: de nombreuses fresques sont recouvertes de suie et le magnifique orgue de Joseph Waltrin du XVIIIe siècle, restauré en 1988 est perdu éternellement. Le beffroi et le toit sont serieusement endommagés par le feu, ainsi que les pierres calcaires et le carrelage, éclatés à cause de la chaleur.
Après huit années d'effort de restauration, l'église à enfin réouvert ses portes au début de cette année (1999).

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L'Ancienne église abbatiale du couvent des bénédictines Sainte Marie fut fondée vers 1020-1030 par le comte Rodolphe d'Altenbourg, qui appartenait à l'illustre famille des Habsbourg. (Certains auteurs, dont Marcel Durliat, prétendent que ce sont les moniales bénédictines qui entreprirent de reproduire la chapelle de Charlemagne d'Aix-la-Chapelle et qui dédièrent cette copie, comme l'originale, à la vierge Marie). D'après l'urbaire de 1303, les Habsbourg possédaient à Ottmarsheim la basse justice et le quart du droit de passage. Ottmarsheim fut pendant longtemps le chef-lieu de leurs possessions alsaciennes, jusqu'à ce que le siège soit fixé à Ensisheim, moins exposé aux débordements endémiques du Rhin.
L'Alsace participait à la prospérité de la Rhénanie. Au IXe siècle il y avait de nombreuses villes biens vivantes et de grands ensembles monastiques. La paroisse d'Ottmarsheim est citée depuis 1227 et relevait du décanat Citra Rhenum de l'évêché de Bâle, ville qui jouissait de l'indépendance des villes libres impériales.

L'Abbatiale servit d'église paroissiale Saint-Pierre, patronyme attesté depuis le XIVe siècle. Actuellement, elle est dédiée aux saints Pierre et Paul.

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En 1049, le couvent fut consacré par le pape alsacien Léon IX. Lors de son passage à Ottmarsheim, à l'occasion du concile de Mayence, il promulgua également la bulle accordant aux moniales la protection du Saint-Siège contre la redevance annuelle d'un amict et d'une aube à livrer à Rome.

En 1055, Rodolphe d'Altenbourg mourut et fut enseveli dans l'église même ( lors des fouilles en 1981 en croit avoir découvert sa sepulture juste à la verticale sous le point central de la coupole).

En 1063, l'Empereur Henri IV confirma à la femme de Rodolphe, Cunégonde, le libre exercice de l'avouerie et les privilèges pontificaux de l'abbaye.

En 1153, le pape Eugène III renouvela, à la demande de l'Abesse Evanchilde, les privilèges accordés par Léon IX c'est-à-dire: la protection du Saint-Siège, l'exemption de la juridiction de l'Evêque diocésain, la libre élection de l'abbesse et le choix de l'avoué parmi les membres de la famille du fondateur.

L'église d'Ottmarsheim dut subir plusieurs incendies, le premier eu lieu en 1272, au cours de la guerre qu'Henri de Neuchâtel, évêque de Bâle, soutint contre l'avoué d'Ottmarsheim. Les alliés de l'évêque incendièrent l'église. Les dégâts furent restaurés au cours du XIIIe siècle.

En 1445, l'église brûla pour la seconde fois à cause des hostilités entre des confédérés suisses et l'archiduc Sigismond d'Autriche. Comme en 1272, elle fut sauvée de la destruction totale grâce à la structure des voûtes.
Pendant les travaux de restauration du XVe siècle le clocher porche fut ajouté.

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En 1460, l'abbesse Elisabeth de Blumeneck fit orner l'église de nouvelle fresques qui n'ont jamais été achevée, dans le coeur supérieur, dédié à saint Quirin.

En 1495, la petite chapelle de la Sainte-Croix au sud-est de l'octogone fut construite sur ordre de l'abbesse Bénigne de Turkheim pour y recueillir les reliques de la Sainte-Croix, provenant de l'abbaye de Muri (Suisse) et offertes par Hugues de Landenberg. L'authenticité de ces reliques fut confirmée par deux lettres épiscopales de 1698 et 1786.

En 1468, les conflits entre la noblesse de Sundgau et de Bernois ravagèrent de nombreuses villes, dont Ottmarsheim.

Ce n'est qu'en 1582 que l'abbaye, dépourvue d'abbesse, se releva de ses ruines grâce à l'habile administration d'Agnès de Dormentz, dont les armoiries figurent sur une clé de voûte de la chapelle gothique de Dames Nobles, qu'elle fit construire au nord du choeur.
L'ancien "Pfalz" ou "palatium", ou résidaient empereurs et princes de la maison d'Autriche fut transformé en hôtellerie.

En 1584, un chapelain de saint Quirin assistait le curé; le vocable de Saint-Quirin, martyr et tribun romain, fut introduit par Léon IX en 1049. La chapelle du choeur lui est consacrée et le pèlerinage de Saint-Quirin est fréquenté depuis le Moyen-Age. La communauté bénédictine devint un chapitre régulier de Dames Nobles.

Saint Quirin


En 1588, l'archiduc Ferdinand confirma les libertés et les droits de l'abbaye.

La guerre de trente ans, qui éclata en 1618, ruina complètement l'abbaye. Les chamoinesses trouvèrent refuge à Bâle de 1632 à 1640, tandis que les Suédois pillèrent l'abbaye.

En 1687 Louis XIV fit le don de quatre villages de la Hardt parce que le chapitre, qui n'admettait que 16 quartiers de noblesse, était ruiné par les guerres successives. Anne Charlotte de la Touche restaura les bâtiments claustraux et embellit la chapelle des chanoinesses par des stalles sculptées et un lutrin.

En 1792, après la révolution, le chapitre fut dissout et les bâtiments claustraux furent vendus comme biens nationaux puis démolis par leurs acquéreurs. La chapelle des chanoinesses échappa à la destruction grâce à son acquisition par le conseil municipal d'Ottmarsheim.

De 1833 à 1837 Griois mena d'importants travaux de restauration à l'abbatiale. Des pans de murs de l'enceinte extérieure furent remplacés et les voûtes et doubleaux du déambulatoire et de l'étage furent reconstruits.

En 1848, l'hôtellerie de l'abbaye, qui avait servi à héberger les nobles lors de leur passage à Ottmarsheim, devint une caserne de gendarmerie. Les soeurs du nouveau couvent des "Bénédictines de l'Adoration Perpétuelle" la rachetèrent en 1876 et en 1881 elle fut transformée en logement pour l'aumônier du nouveau couvent.
En 1991, suite à l'intervention de l'Archevêché de Strasbourg, le bâtiment fut détaché du couvent, rénové et abrite actuellement la communauté des serviteurs de Jésus et Marie. Il s'appelle désormais "Pieuré St Bernard" et est destiné aux novices de la congrégation.

En 1877 Winckler modifia la pente des toitures de l'église, transforma les fenêtres de la tribune et ajouta la corniche supérieure. Il enleva également les dalles funéraires des abbesses du sol pour les mettre contre le mur, pour une meilleure préservation.

Wolff décapa les murs intérieurs de l'octogone en 1903 et découvrit ainsi des fresques du XVe siècle.

Au cours du XXe siècle, après la deuxième guerre mondiale, de nombreuses restaurations indispensables furent exécutées car l'église avait été endommagée par le feu d'artillerie.

De 1952 à 1957 les architectes des "Monuments historiques", MM Monnet et Arnold retravaillèrent le décapage et le rejointoiement des maçonneries extérieures.

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En 1986-1987 le crépi de l'intérieur de l'église fut entièrement rénové. Le choeur intérieur de l'abbatiale fut restauré par l'architecte en chef des "Monuments historiques" Mr Gaymard, ainsi que la statue baroque de saint Quirin et la custode en style gothique flamboyant. Un nouvel autel, dont les formes sont inspirées par les arcatures du déambulatoire supérieur, et construit par le célèbre sculpteur suisse Mr Albert Schilling, fut placé dans le choeur. Ces restaurations ont supprimé la plupart des crépis et enduits et ont mis au jour le petit appareil de calcaire gris-jaune. Elles ont consolidé la structure de l'octogone par un chaînage de béton; travaillé la réfection de la charpente de l'octogone, remplacé les tuiles mécaniques par des tuiles anciennes (tuiles canal). L'ensemble du bâtiment a été assaini et certains enduits intérieurs ainsi que le choeur furent restaurés.

Le 27 février 1991, l'abbatiale fut gravement endommagée par un terrible incendie.
Plongée dans un brouillard exceptionnellement épais, le joyau architectural du village crachait des flammes de son clocher transformé en cheminée.
Le clocher noirci et fissuré ne portait plus qu'une charpente réduite en quelques poutres calcinées. L'ensemble des planchers et des escaliers, la charpente et la couverture étaient détruits. Les cloches fondues par la chaleur ne pouvaient plus être réutilisées. L'orgue Waltrin, datant de 1726, n'existait plus. A partir du plancher de la tribune une épaisse couche de suie noire recouvrait l'intérieur de l'édifice. Les fresques du haut-choeur (XIe siècle) étaient recouvertes d'une suie vitrifiée. L'accès de l'église fut interdit jusqu'en juin 1991. Une clôture installée entre les piles condamnait la nef afin de protéger le public des débris d'enduits calcinés qui tombaient du dôme.
Les offices étaient assurés dans la chapelle du couvent d'Ottmarsheim jusqu'à l'installation d'un plafond en bois provisoire elevé jusqu'au niveau de la base du sol de la tribune. Ensuite, la messe put à nouveau être célébrée dans l'église. Un campanile provisoire avec une cloche prêtée par la paroisse St Martin de Colmar fut élevé à coté de l'église.

Après de longues années de rénovation, l'église a enfin reouvert ses portes.
En 2000, de grandes festivités ont été organisées
Pour en apprécier la teneur, suivez le lien Abbatiale 2000

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